Les Robotaxis arrivent à Londres : anatomie d’une révolution annoncée

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L’annonce est passée presque inaperçue dans le flux incessant d’actualités tech.

Pourtant, elle marque un tournant majeure : Waymo, la filiale d’Alphabet (GOOGLE) spécialisée dans la conduite autonome, déploiera ses robotaxis à Londres en 2026.

Pour la première fois, les véhicules autonomes sans conducteur ne seront plus une curiosité californienne, mais une réalité européenne.

Derrière cette expansion se cache bien plus qu’une simple conquête commerciale. C’est toute une industrie, celle de la mobilité urbaine, qui s’apprête à vivre sa plus grande disruption depuis l’arrivée d’Uber.

Mais contrairement aux révolutions précédentes, celle-ci ne redistribue pas seulement les cartes : elle retire des joueurs de la table. Le sujet est inquiétant.

L’avance technologique écrasante de Waymo

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En avril 2025, Waymo effectuait déjà 250 000 courses payantes par semaine aux États-Unis, contre seulement 10 000 deux ans plus tôt.

Cette croissance de 2 400 % en moins de 24 mois ne relève pas du hasard : elle témoigne d’une maturité technologique que personne d’autre n’a atteint pour le moment.

Chaque véhicule Waymo — principalement des Jaguar I-PACE électriques — embarque un système de capteurs qui coûte 100 000 dollars, en plus du prix du véhicule lui-même (75 000 dollars). Lidar, radars, caméras : tout est pensé pour offrir une vision à 360 degrés jusqu’à 500 mètres, de jour comme de nuit.

C’est cette approche maximaliste, critiquée par Elon Musk comme « trop chère et peu scalable », qui permet à Waymo d’opérer sans conducteur de sécurité depuis près de cinq ans, 24 heures sur 24.

En comparaison, Tesla promet depuis des années des robotaxis basés uniquement sur des caméras et de l’intelligence artificielle. Résultat : aucun véhicule Tesla ne peut aujourd’hui circuler légalement sans conducteur prêt à reprendre le contrôle. Waymo, lui, a déjà franchi ce cap et accumule les données : plus d’un million de kilomètres parcourus chaque semaine, soit plus que n’importe quel concurrent.

La bataille pour l’Europe : un terrain de jeu stratégique

Londres ne sera pas seule. Waymo a déjà posé ses jalons à Tokyo depuis avril 2025, avec des phases de cartographie et de collecte de données. Mais d’autres géants se positionnent agressivement sur le Vieux Continent.

Uber s’est allié à Momenta, une entreprise chinoise spécialisée dans la conduite autonome, pour lancer des robotaxis à Munich dès 2026. De son côté, Lyft a noué un partenariat stratégique avec Baidu — surnommé le « Google chinois » — pour déployer ses véhicules autonomes au Royaume-Uni et en Allemagne la même année.

Alors pourquoi l’Europe devient-elle soudainement le champ de bataille de cette nouvelle guerre technologique ? Deux raisons : un marché du VTC en pleine croissance (32,1 milliards de dollars en 2024, avec une projection de croissance annuelle de 5,2 % jusqu’en 2034) et des villes denses où la mobilité partagée est déjà ancrée dans les comportements. Paris, Berlin, Amsterdam, Londres : autant de métropoles où posséder une voiture personnelle est devenu un luxe coûteux et contraignant.

L’Europe représente aussi un terrain d’expérimentation unique. Contrairement aux États-Unis, où les réglementations varient d’un État à l’autre, l’Union européenne impose des standards harmonisés en matière de sécurité et de protection des données. Réussir en Europe, c’est prouver qu’on peut opérer dans l’environnement réglementaire le plus strict au monde.

Cette vérité peu glorieuse du vieux continent attire tout de même des entreprises extra-européenne la preuve en est;

Impact société : au-delà du mythe de l’emploi

« Les robotaxis vont détruire des millions d’emplois. » Cette phrase revient systématiquement dans le débat public. Mais elle simplifie à outrance une réalité bien plus nuancée.

En Europe, le marché des taxis et VTC emploie environ 1,2 million de chauffeurs. Au Royaume-Uni, on compte près de 170 000 chauffeurs de taxi. En France, le secteur représente 32 milliards d’euros et pèse lourd dans l’économie urbaine.

La question n’est donc pas anecdotique.

Mais regardons les choses en face : l’industrie du taxi traversait déjà une crise profonde avant l’arrivée des robotaxis. Au Royaume-Uni, les revenus du secteur ont chuté de 3,4 % par an entre 2020 et 2025. À New York, les fameux medallions — licences de taxi — ont perdu l’essentiel de leur valeur avec l’arrivée d’Uber et Lyft. En 2024, ces deux plateformes réalisaient 676 000 courses par jour contre seulement 113 000 pour les taxis traditionnels.

Les robotaxis ne créent pas le problème : ils l’accélèrent. Et contrairement aux plateformes de VTC, ils ne redistribuent pas les revenus vers une nouvelle génération de chauffeurs auto-entrepreneurs. Ils les suppriment.

Mais l’impact va au-delà de l’emploi direct.

  • Qui va nettoyer ces véhicules ?
  • Qui va gérer les incidents techniques en pleine nuit ?
  • Qui interviendra en cas de problème avec un passager ?

Waymo collabore déjà avec Moove, un spécialiste de la gestion de flottes, pour assurer ces opérations logistiques. De nouveaux métiers émergent : techniciens en maintenance autonome, superviseurs de flottes à distance, spécialistes en IA appliquée à la mobilité. Ce sont des emplois qualifiés, souvent mieux rémunérés, mais ils ne remplaceront jamais, en volume, les centaines de milliers de chauffeurs actuels.

Il y aura donc perte d’emploi.

Les villes face à un nouveau pouvoir : les données

Parlons d’un sujet dont personne ne parle assez : les données. Chaque course effectuée par un robotaxi génère des téraoctets d’informations sur les flux de circulation, les comportements des usagers, les zones d’affluence, les horaires de pointe. Ces données ont une valeur stratégique énorme.

Qui les contrôle ? À Londres, Paris ou Berlin, ce ne seront pas les municipalités, mais Waymo, Uber ou Baidu. Ces entreprises accumulent une connaissance intime du fonctionnement des villes, bien au-delà de ce que peut observer n’importe quel urbaniste.

Cette asymétrie informationnelle pose des questions cruciales. Comment s’assurer que ces données ne serviront pas uniquement à maximiser les profits des plateformes, au détriment de l’intérêt général ? Qui décidera des zones prioritaires à desservir ? Que se passera-t-il si ces entreprises décident, comme elles l’ont déjà fait avec les VTC, d’augmenter leurs tarifs une fois la concurrence éliminée ?

Les régulateurs européens commencent à s’en préoccuper. Mais ils accusent un retard considérable. La bataille pour le contrôle des données urbaines est déjà engagée — et les villes risquent de la perdre avant même de l’avoir livrée.

La question de l’accessibilité : robotaxis pour tous ou pour élites urbaines ?

Waymo met en avant ses tarifs compétitifs. Dans certaines villes américaines, une course en robotaxi coûte désormais moins cher qu’un Uber traditionnel. Mais ce modèle économique est-il soutenable à long terme ?

Chaque véhicule autonome coûte 175 000 dollars. Même avec des économies d’échelle et une durée de vie optimisée, le retour sur investissement prendra des années. Pour l’instant, Waymo n’est pas rentable. Alphabet, sa maison mère, a enregistré des pertes opérationnelles de plus d’un milliard de dollars sur ses « Other Bets » en 2024, catégorie qui inclut Waymo.

Tant que les investisseurs financent cette expansion à perte, les prix restent attractifs. Mais que se passera-t-il lorsque la pression de la rentabilité s’imposera ? Les tarifs augmenteront inévitablement. Et avec la disparition progressive des chauffeurs indépendants et des taxis traditionnels, les usagers auront moins d’alternatives.

Le risque est réel : que les robotaxis deviennent un service premium réservé aux quartiers aisés et aux zones denses, délaissant les banlieues et les populations les plus modestes. En Europe, où 77 % des courses de VTC se font en zone urbaine dense, cette fracture pourrait s’accentuer avec l’avenue de Waymo.

Zones grises : accident, assurances et cybersécurité

L’arrivée des robotaxis en Europe soulève des questions juridiques inédites. En cas d’accident, qui est responsable : le constructeur, l’éditeur du logiciel de conduite, l’opérateur de la flotte ? Les cadres légaux européens peinent à suivre le rythme de l’innovation.

Les assurances sont un autre casse-tête. Les compagnies doivent évaluer des risques totalement nouveaux. Les premières études montrent que les véhicules autonomes pourraient réduire les accidents de 90 %. Mais que se passe-t-il lors du 1 % d’accidents restants, potentiellement causés par un bug logiciel ?

La cybersécurité est peut-être le risque le plus sous-estimé. Un robotaxi est, fondamentalement, un ordinateur sur roues. Il peut être piraté. Imaginez un scénario où des centaines de véhicules autonomes seraient simultanément détournés dans une grande capitale européenne. Ce n’est pas de la science-fiction : c’est une vulnérabilité structurelle que les autorités devront anticiper.

2026-2030 : à quoi faut-il s’attendre ?

Les trois prochaines années seront décisives. Si Waymo, Uber et Lyft tiennent leurs promesses, plusieurs grandes villes européennes disposeront de flottes de robotaxis opérationnelles dès 2026. Le marché mondial du ridesharing, évalué à 87,68 milliards de dollars en 2025, pourrait atteindre 918 milliards d’ici 2033 — en grande partie grâce à l’automatisation.

Mais cette transition ne sera pas linéaire. Elle suscitera des résistances politiques et sociales. Les chauffeurs de taxi manifesteront, comme ils l’ont fait contre Uber. Les régulateurs imposeront des moratoires, des quotas, des zones interdites. Les accidents impliquant des robotaxis seront scrutés avec une intensité médiatique bien supérieure à celle réservée aux accidents causés par des humains.

Et pourtant, la tendance est irréversible. Non pas parce que la technologie est parfaite — elle ne l’est pas — mais parce que l’équation économique est trop favorable. Un robotaxi peut rouler 20 heures par jour, ne se fatigue jamais, ne demande pas de salaire, ne prend pas de congés. Pour les opérateurs, c’est une promesse de rentabilité inégalée. Pour les villes, c’est une réduction potentielle de la congestion et de la pollution, à condition que les flottes soient électriques.

Reste à savoir si cette révolution se fera avec les citoyens ou contre eux. Les prochaines batailles ne se joueront pas uniquement sur le terrain technologique, mais aussi sur celui de l’acceptabilité sociale, de la régulation et de la redistribution de la valeur créée.


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Julian & L’équipe The French Bot

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